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Les Idées du FN et RN : La Ligne Rouge

  • Jovanie J. Montoille
  • 9 janv.
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 janv.

Le Front National (FN), devenu le Rassemblement National (RN) en 2018, a vu plusieurs de ses idées et thématiques progressivement reprises et banalisées dans le débat public français, notamment par d’autres partis politiques ou dans les médias. Cette évolution a permis une normalisation de discours autrefois considérés comme extrêmes.

 

Le parti d’extrême droit n’aura été que l’antichambre des idées reprises par les grands partis centristes n’assumaient pas et dont ils assument encore moins l'origine ?


Avec la mort toute récente de Jean-Marie Le Pen se pose journalistiquement et inutilement, pour occuper les esprits, la question de son héritage politique, rejeté par toute l'intelligentsia et les cercles de pensées de gauche.


Rares sont ceux qui aujourd’hui reconnaitront qu'une partie de la droite classique adopte ouvertement des positions jadis considérées comme extrémistes, tandis que Marine Le Pen tente d’élargit sa base et parait plus modérée. La porosité entre Les Républicains et le Rassemblement National est criante, des idées qui furent extrêmes font désormais consensus à droite...


L’héritage de Jean-Marie Le Pen, d’abord combattu, semble être désormais intégré dans une partie du discours politique dominant en France.


L’héritage de Jean-Marie Le Pen, d’abord combattu, semble être désormais intégré dans une partie du discours politique dominant en France.

  

1. Immigration et identité nationale

Idée originale du FN : Une critique virulente de l’immigration, associée à des problèmes économiques, sociaux et sécuritaires. L’immigration était souvent présentée comme une menace pour l’identité française.

 

Banalisation :

L’idée d’un « contrôle strict » de l’immigration a été adoptée par plusieurs partis de droite, notamment Les Républicains.

 

La notion de « quotas » d’immigration ou de limitation a été intégrée dans certains discours politiques plus modérés. En 2019, la majorité saluait l'ouverture d'un débat sur les quotas en matière d'immigration, lancé par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner…

 

Les débats sur l’« assimilation » ou le « communautarisme » sont devenus centraux, même chez des partis historiquement modérés comme LREM.

 

La création du ministère de l’Identité nationale sous Nicolas Sarkozy en 2007 a institutionnalisé ces thématiques.

 

2. Insécurité et criminalité

Idée originale du FN : Une corrélation systématique entre immigration et insécurité, avec des appels à une tolérance zéro envers la criminalité.

 

Banalisation :

Des propositions sécuritaires (vidéosurveillance, renforcement des forces de l’ordre, durcissement des peines) ont été largement adoptées par la droite traditionnelle.

 

Des partis de gauche ont aussi intégré certaines préoccupations sécuritaires dans leurs programmes pour répondre à la demande d’ordre des électeurs. Pour autant, le site d'analyse en open data Ville-data éditait en septembre 2024 le classement annuel des Villes les plus dangereuses de France. 10 des plus dangereuses sont gérées par les municipalités de gauche.

 

3. Islam et laïcité

Idée originale du FN : Une dénonciation de l’islam comme incompatible avec les valeurs de la République, souvent associée à des polémiques sur les signes religieux et les pratiques musulmanes.

 

Banalisation :

La question du voile dans l’espace public (interdiction en école, débat sur les accompagnatrices voilées) a été reprise à gauche et à droite. Le Conseil d’État a jugé que le ministre de l’Éducation nationale centriste avait légalement interdit, à la rentrée scolaire de 2023, le port de l’abaya, considérée comme une manifestation ostensible d’une appartenance religieuse, interdite par la loi du 15 mars 2004

 

Des débats sur le halal dans les cantines scolaires ou sur le financement des mosquées sont devenus des thèmes réguliers dans le débat public.

Des lois comme celle sur le burkini ou les signes religieux en entreprise reflètent une reprise de ces préoccupations.


Le ministre de l'Intérieur estime que les accompagnatrices de sorties scolaires ne doivent pas porter de signes religieux ostentatoires, tandis que le Conseil d'État considère que les mères voilées ne sont pas soumises à la neutralité religieuse lors de ces sorties il affirmait le 7 janvier : "Il faut être absolument intransigeant" sur la laïcité.


4. Souveraineté nationale et rejet de l’Union européenne

Idée originale du FN : Une critique de l’Union européenne, accusée de détruire les identités nationales, et une défense du protectionnisme économique.

 

Banalisation :

Le protectionnisme économique a trouvé un écho à gauche (notamment chez Jean-Luc Mélenchon) et parfois à droite.

 

Les critiques de Bruxelles et du « diktat européen » sont devenues des arguments fréquents chez Les Républicains et d’autres partis.

 

Le Brexit a renforcé la légitimité de ces thématiques dans les débats en France.

 

 

5. Anti-élitisme et rejet des « élites mondialisées »

Idée originale du FN : Un discours populiste dénonçant les élites politiques, médiatiques et économiques comme déconnectées du « peuple ».

 

Banalisation :

L’anti-élitisme a été récupéré par plusieurs mouvements, de gauche (La France Insoumise) comme de droite (Les Gilets Jaunes ont amplifié ces discours).

 

Le concept de « France périphérique » popularisé par Christophe Guilluy a ancré cette vision dans les débats.

 

6. Priorité nationale

Idée originale du FN : La préférence nationale pour l’emploi, le logement ou les aides sociales.

 

Banalisation :

Si l’idée reste controversée, des formes modérées de « priorité locale » sont apparues dans certains discours.

 

Le contrôle de l’accès aux prestations sociales pour les étrangers a été renforcé par des gouvernements successifs.

 

7. Patriotisme économique

Idée originale du FN : La défense des entreprises nationales face à la mondialisation et aux délocalisations.

 

Banalisation :

La réindustrialisation et la souveraineté économique sont devenues des priorités partagées par de nombreux partis.

Emmanuel Macron, par exemple, a adopté des politiques visant à protéger certains secteurs stratégiques. Il n’est alors plus question d’appeler cela du souverainisme et du protectionnisme, mais de considérer cela comme de la stratégie économique.

 

 

8. Référendums et démocratie directe

Idée originale du FN : L’organisation de référendums fréquents pour trancher des questions majeures.

 

Banalisation :

Le RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne) a été fortement porté par les Gilets Jaunes et repris dans certains débats politiques.

Emmanuel Macron a une nouvelle fois mentionné, lors de ses vœux aux Français, la possibilité d'une consultation directe du peuple. Idée évoquée par lui à plusieurs reprises depuis 2017, elle n’a jamais été mise en œuvre.

 

9. Discours sur la « décadence » et le déclin

Idée originale du FN : Une vision catastrophiste de la société française, présentée comme en déclin moral, culturel et économique. Éric Zemmour, bien que distinct du RN, a également largement contribué à populariser cette rhétorique.

 

Banalisation :

L’idée de « déclin » est désormais un thème récurrent, de la droite conservatrice à certaines figures de gauche. Les indicateurs objectifs le prouvent : Immigration, précarité, criminalité, finances publiques

 




La banalisation des idées du FN/RN résulte d’un processus complexe dans lequel plusieurs dynamiques se sont croisées. La stratégie de « dédiabolisation » menée par Marine Le Pen a joué un rôle central en adoucissant l’image du parti, en modifiant son discours et en mettant en avant des figures plus présentables, éloignées de l’héritage sulfureux de Jean-Marie Le Pen. Cette mutation a permis au Rassemblement National d’être perçu non plus comme un parti d’extrême droite infréquentable, mais comme une alternative politique crédible, notamment auprès des classes populaires et des territoires en difficulté.


Parallèlement, la montée des préoccupations liées à l’immigration, à la sécurité et aux effets de la mondialisation a offert un terreau fertile à la progression des idées du RN. L’inquiétude face aux flux migratoires, les attentats terroristes et le sentiment d’abandon ressenti dans certaines zones périurbaines et rurales ont conduit une partie de la population à voir dans les thématiques portées par le RN des réponses aux défis contemporains. Cette dynamique s’inscrit dans un mouvement plus large observé à l’échelle européenne, avec la montée en puissance de partis nationalistes et identitaires dans plusieurs pays.


En outre, la fragmentation politique et l’effritement des clivages traditionnels ont favorisé une convergence de thèmes entre partis. Des sujets autrefois dominés par le FN/RN, comme l’identité nationale ou la critique des institutions européennes, ont été progressivement repris par des partis de droite classique, voire par certains courants de gauche, contribuant à légitimer ces débats et à les inscrire dans le discours politique dominant.


Ce processus a profondément transformé le paysage politique français. Des idées autrefois considérées comme marginales sont devenues des références incontournables du débat public, voire des points de structuration des nouvelles orientations politiques. Cette évolution illustre un déplacement des lignes idéologiques et un redéploiement des forces en présence, où la droite et l’extrême droite, en particulier, captent une part croissante du débat en imposant leurs thématiques et leurs cadres d’analyse.

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