La face cachée du colonialisme moderne dans les DOM-TOM : le cyclone de Mayotte en révélateur
- Jovanie J. Montoille
- 29 déc. 2024
- 2 min de lecture

Lorsque Mayotte, petit territoire insulaire de l'océan Indien, a été frappé par un cyclone d'une intensité sans précédent, l'événement n'a pas seulement été une catastrophe naturelle. Il a également mis en lumière les disparités criantes et les stigmates du colonialisme moderne qui continuent de structurer les rapports entre la métropole et les territoires d’outre-mer.
Une catastrophe naturelle amplifiée par des fragilits structurelles
Mayotte, département français depuis 2011, souffre d’une précarité chronique : manque d'infrastructures, pauvreté endémique, et accès limité à des services essentiels. Ces faiblesses ont été dramatiquement amplifiées par le cyclone. Les hôpitaux ont rapidement été débordés, les réseaux électriques et hydrauliques ont cédé, et les écoles ont été transformées en abris de fortune.
Ces carences révèlent une gestion systémique des DOM-TOM marquée par un sous-investissement chronique et une inégalité flagrante par rapport aux standards métropolitains. Mayotte, en particulier, illustre un double discours politique : intégrée juridiquement à la République, elle reste marginalisée économiquement et culturellement.
Les traces d’un colonialisme économique et culturel
Le cyclone a également exposé les vestiges d’une domination économique : Mayotte dépend presque entièrement de l’importation de biens de première nécessité depuis la métropole, une situation qui aggrave les inégalités et limite son autonomie. La population locale, en grande partie d'origine comorienne, est souvent stigmatisée et considérée comme une charge pour l’État. Ce discours, hérité des logiques coloniales, perpétue une vision où les DOM-TOM sont des extensions de la métropole, plutôt que des territoires avec leurs propres identités et besoins.
Une invisibilisation médiatique et politique
Malgré l’ampleur des dégâts causés par le cyclone, Mayotte a été largement absente des grands débats médiatiques en métropole. Cette invisibilité reflète une tendance plus large à ignorer les problèmes structurels des DOM-TOM jusqu’à ce qu’une crise les rende impossible à éviter. La solidarité nationale, réclamée dans les discours officiels, se limite souvent à des mesures ponctuelles qui ne résolvent pas les inégalités de fond.
Repenser les rapports entre la métropole et les territoires d’outre-mer
Le cas de Mayotte pose une question essentielle : comment sortir d’une logique de gestion coloniale pour établir une relation équilibrée et respectueuse entre la métropole et ses territoires d’outre-mer ? Cela passe par un investissement massif dans les infrastructures, une prise en compte des identités locales dans les politiques publiques, et un changement de paradigme dans la façon dont les DOM-TOM sont perçus par l’opinion publique.
Le cyclone de Mayotte, bien qu’éphémère, a ouvert une brèche dans laquelle apparaît toute la complexité du lien entre la France et ses territoires d’outre-mer. En faire un point de départ pour réformer ces relations serait le véritable élan de solidarité nationale.
Comments